Associée à l'Art Brut, l'œuvre de l'artiste italien Giovanni Galli n'a qu'un but : sublimer à travers ses dessins l'attente d'une explosion nucléaire libératrice qui lui permet de devenir une femme. Inquiet de savoir comment cette bombe pourrait exploser en lui, Giovanni attend les instructions pour découvrir la "bonne" formule atomique. Cette obsession est au cœur de ses productions graphiques. Galli conçoit depuis 1994 à La Tinaia, un laboratoire créatif à l'intérieur de l'hôpital psychiatrique San Salvi de Florence. Gustavo Giacosa est allé à sa rencontre pour lui parler de ses dessins, que l'on retrouve dans de nombreuses collections d'art brut mais qui sont souvent mal interprétés. Son travail graphique est une littérature privée et fantasmée, non conçue à l'origine pour être lue, encore moins interprétée. Et pourtant... Bouleversé par le potentiel théâtral de cette œuvre, Gustavo Giacosa s'imprègne de l'imaginaire et de l'écriture de Giovanni Galli. Obsédé par ses questions et ses pensées les plus intimes, il entreprend un travail de déchiffrement, de transcription et de traduction scénique de ses dessins. Une exposition est née des images extraites du travail de l'artiste : « GIOVANNI ! ... en attendant la bombe ». Une scène conçue comme un univers mental. Un corps consumé par l'obsession de sa propre mutation. Un être hanté par les fantômes de Buster Keaton et Kazuo Ohno. Une chorégraphie de mouvements lents et furieux. La poésie visionnaire de ce spectacle révèle la solitude, le conflit intérieur et la quête identitaire d'un homme qui refuse l'imposition du genre qui lui est assignée par la société. Un "single en scène", accompagné du pianiste et compositeur Fausto Ferraiuolo et soutenu par le regard extérieur de Philippe de Pierpont.